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Un monde de plus en plus sauvage
Le dernier volet du triptyque de Virginie Despentes, comme les deux autres sans doute (je ne me souviens plus bien), fait abondamment référence à l'actualité du moment, en l'occurrence les tueries de "Charlie Hebdo" et du Bataclan. On peut même considérer que la survenue de ces attentats, ainsi que l'apparition du mouvement "Nuit debout", forment l'épine dorsale du roman, infléchissant sérieusement, pour un temps, la vision du monde des principaux personnages et préfigurant en quelque sorte leur destin. Avec l'aide bienvenue de la liste fournie en début de livre, précisant opportunément qui a fait quoi dans les volumes précédents, on retrouve donc Vernon devenu sans qu'il l'ait cherché un genre de gourou que ses talents de DJ ont propulsé aux commandes de "convergences", mini-raves qui réunissent deux ou trois cents personnes communiant grâce à la danse. Au fil des chapitres l'auteure s'intéresse successivement aux faits et gestes des protagonistes déjà rencontrés, ou non, mais aussi à leurs réflexions sur l'état de la société, qui sont loin d'être identiques, et c'est l'occasion pour elle de porter un regard tout en nuances sur le monde qui nous entoure. Cela dit, le livre n'est pas non plus un essai et Despentes ne perd pas de vue le côté romanesque, déroulant une histoire riche en péripéties même si certains chapitres pourraient se lire comme des nouvelles. À cet égard j'ai particulièrement apprécié, entre autres, celui qui expose les affres vécues par Aïcha, timide étudiante en butte aux avances d'un homme marié, musulman tout comme elle. En revanche, on peut sans dommage, à mon sens, s'épargner la lecture de l'épilogue de la saga, anticipation un peu délirante sur le devenir du monde et le rôle précurseur des convergences.
Elie Olivier - Le 16 octobre 2019 à 10:17