Sésame, bibliothèque numérique de Charente

Avis des lecteurs

• Un tableau saisissant de la Commune 5/5

  Les Parisiens, ou du moins les bons connaisseurs des rues de la capitale, bénéficient d'un avantage à la lecture de ce livre touffu à mi-chemin entre le polar et le roman historique car l'action se déroule entièrement à Paris, pendant la seconde quinzaine de mai 1871, lors de ces jours funestes où l'armée "versaillaise" officielle d'Adolphe Thiers anéantit les bataillons de la Commune, extermine les "fédérés". Beaucoup de noms de rues sont cités pour préciser les parcours des principaux personnages, qu'on peut s'amuser à reconstituer, si l'on oublie un instant – c'est difficile tant est prenant le tableau brossé par l'auteur – que ces déplacements souvent périlleux ont pour cadre une ville bombardée, enfumée par des incendies dus aux effondrements d'immeubles, pierres et meubles disloqués formant des amoncellements instables, barricades supplémentaires, une ville bientôt empuantie par les cadavres de combattants ou de civils. Ces principaux personnages, êtres rayonnants parmi une pléiade d'autres parfois peu recommandables, ce sont des partisans de la Commune : Nicolas Bellec, garde national, Antoine Roques, artisan désigné commissaire de police peu auparavant, et Caroline, la fiancée de Nicolas, couturière que la situation a muée en infirmière. Or Caroline, à un moment donné, se volatilise, et Roques relie sa disparition à des enlèvements de jeunes filles ou de femmes qu'on lui a signalés. Dans un Paris où pleuvent les obus et la mitraille, où les "lignards" de l'armée, à dix contre un, repoussent inexorablement les communards, Roques, par devoir, puis, indépendamment de lui et fatigué de combattre, Bellec, par amour, recherchent Caroline.

  Elie Olivier - Le 05 août 2019 à 12:14