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Le procès - Prague 1952
Vidéo numérique
Au travers d’archives récemment exhumées et de poignants témoignages, une reconstitution abyssale du procès de Prague en 1952, à l’origine du livre "L’aveu" d’Artur London, adapté à l’écran par Costa-Gavras.
À Prague en 2018, des ouvriers découvrent, dans un entrepôt abandonné, des bobines de film qui y avaient été dissimulées depuis la chute du mur de Berlin : les images glaçantes d’effroi du procès Slansky, tournées à l’époque à des fins de propagande. En 1952, en pleine guerre froide et au sommet d’une terreur stalinienne imprégnée d’antisémitisme, quatorze hauts dirigeants du régime communiste, juifs pour la plupart, déclarés "traîtres trotskistes-titistes-sionistes", sont accusés de conspiration contre l’État. Parmi eux, Rudolf Slansky, ex-secrétaire général du Parti et ami du président Klement Gottwald, qui précipitera sa chute ; Artur London, ancien brigadiste international et membre de la Résistance française rescapé des camps ; et le brillant économiste Rudolf Margolius. Par la torture et les menaces, lors d’un macabre simulacre de justice méthodiquement mis en scène, ces hommes sont contraints à faire l'aveu public de leur culpabilité, récitant par cœur des crimes imaginaires et appelant à une sentence. À quoi pensent-ils lors de cette descente aux enfers qu’ils cautionnent officiellement ? Onze d'entre eux seront condamnés à mort et pendus.
Mensonge devenu loi
À partir de ces archives exceptionnelles récemment restaurées et d'une plongée dans celles de l’omniprésente police secrète, mais aussi au travers de leur correspondance, Ruth Zylberman retrace la trajectoire complexe de ces trois hommes, et recueille le témoignage poignant de leurs familles brisées. À l’heure de la dictature du prolétariat dans des démocraties populaires satellites du grand frère soviétique, ces communistes, aveuglés par leur dévotion à un Parti "qui ne se trompe jamais", ont été détruits par le monstre qu’ils ont contribué à créer. Dans un monde ravagé par l’indistinction délétère entre vérité et mensonge, celui-ci, devenu loi, parvient à subvertir, au-delà même du champ politique, les liens élémentaires de la société humaine. En reconstituant, avec une rigoureuse précision, ce procès, trame du livre L’aveu d’Artur London adapté à l’écran par Costa-Gavras, Ruth Zylberman met au jour les mécanismes d’une dérive abyssale aux échos contemporains.