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Une verrière sous le ciel
Livre numérique
Edité par Alma éditeur - 2018
" Dans les contes de mon pays, il y a souvent trois fées qui se penchent sur le berceau du bébé pour lui souhaiter une vie de telle ou telle couleur, sous de bons auspices ou au contraire pleine d'embûches. À quoi cela tient-il ? À leur bonne humeur ? " Il était une fois, en 1988, une jeune fille envoyée en colonie de vacances en France par le parti communiste tchécoslovaque. Au dernier moment, sur le quai de la gare de l'Est, Ana refuse de rentrer. Elle vient d'avoir 18 ans et décide de changer le cours de son destin. Écrit avec la même splendide énergie que Giboulées de soleil (Prix Renaudot des lycéens 2016), Une verrière sous le ciel nous place dans le Paris de la fin des années 1980, auprès d'un personnage qui se demande comment grandir, être libre, connaître le monde au-delà des apparences. Elle le découvrira à travers les mots et les gestes des autres.
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Une douce acculturation
Envoyée par ses parents tchécoslovaques pour une immersion linguistique en France dans une colonie de vacances du PCF, à l'été 1988, Ana, au terme du séjour, refuse de monter avec les garçons et les filles de son groupe, gare de l'Est, dans le train du retour vers Prague. Elle ne connaît personne, n'a aucun point de chute, marche sans but dans les rues de Paris, savourant à la fois cette liberté qu'elle n'a pas réellement expérimentée dans son pays et ses dix-huit ans tout neufs. Au cimetière du Père Lachaise, où ses pas la conduisent, elle est abordée par une grande femme à l'allure de princesse (elle dit s'appeler Grofka, mot slovaque dont la traduction en français nous est donnée dans les dernières pages du livre) qui la confie aux bons soins de son ami Bernard, tenancier – communiste – du café La Joie du peuple. Là, elle va, des mois durant, seconder Bernard, sans prononcer un mot, et faire la connaissance des habitués, la plupart d'entre eux éminents représentants de la philosophie de comptoir. Elle va découvrir comment, à Paris, on fête le 14-Juillet, Noël, le 1er-Mai, et comparer le vécu de ces temps forts de la vie sociale française avec celui en usage dans son pays natal. Parmi les clients réguliers du bistrot, il y a Albert, artiste peintre de son état, pour qui elle va tout naturellement se faire modèle, puis muse, quittant sa chambrette austère chez Bernard pour l'espèce de loft qui sert d'atelier et de logement au peintre, et recouvrant la parole au passage. Quinze mois après son arrivée en France, une liberté nouvelle s'offrira à cette clandestine : la Tchécoslovaquie, lors d'une brève révolution "de velours" suivant de peu la chute du Mur de Berlin, s'est affranchie de son gouvernement aux ordres de Moscou. Pour autant, Ana retournera-t-elle dans son pays d'origine ? "Poésie", "douceur", "jeunesse" sont les mots qui me viennent une fois refermé ce roman puisant, sans doute, dans l'histoire personnelle de l'autrice.
Elie Olivier - Le 26 février 2023 à 09:43