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Le Carré des indigents
Livre numérique
Edité par Rivages - 2022
Dans «Le Carré des indigents, nous retrouvons l’inspecteur principal Claude Schneider, protagoniste récurrent des romans d’Hugues Pagan. Nous sommes dans les années 1970, peu avant la mort de Pompidou et l’accession de Giscard au pouvoir. Schneider est un jeune officier de police judiciaire, il a travaillé à Paris et vient d’être muté dans une ville moyenne de l’est de la France, une ville qu’il connaît bien. Dès sa prise de fonctions, un père éploré vient signaler la disparition de sa fille Betty, une adolescente sérieuse et sans histoires. Elle revenait de la bibliothèque sur son Solex, elle n’est jamais rentrée. Schneider a déjà l’intuition qu’elle est morte. De fait le cadavre de la jeune fille est retrouvé peu après, atrocement mutilé au niveau de la gorge.
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Avis des lecteurs
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Marie-Françoise VILCHANGE - Le 07 novembre 2022 à 11:06
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Destins brisés
Pourquoi Schneider, promu inspecteur principal, a-t-il demandé à être affecté à la brigade criminelle de sa ville natale - non citée même si certains indices font penser à Dijon - où il n'avait pas mis les pieds depuis dix ans ? Peut-être pour retrouver des lieux de convivialité qu'il avait fréquentés, pianiste de bar occasionnel, avant qu'un drame personnel ne l'enjoigne à chercher l'oubli dans l'exercice d'un métier où le drame est quotidien, a fortiori au cœur du tohu-bohu de la capitale. Derrière son regard glacial, allant de pair avec son goût pour les phrases courtes, un masque de timidité ou de froideur qui paradoxalement charme certaines femmes sachant voir au delà des apparences, il recèle un immense potentiel d'empathie qu'il destine en priorité aux humbles, aux "petits", aux invisibles. Si Schneider est un excellent policier c'est qu'en déléguant avec discernement les tâches à ses subordonnés il cherche sans répit la preuve tout en respectant scrupuleusement la procédure et en tirant parti du hasard lorsque par chance il est heureux. Ainsi en va-t-il de cette enquête sur l'improbable fugue d'une lycéenne, dont la résolution va permettre de conclure une autre affaire, réputée close par la hiérarchie, sur la disparition d'un SDF. Dans les deux cas l'humanité de Schneider va faire merveille, non sans dommages pour lui-même. Car s'il a démasqué les coupables, il n'en a pas oublié pour autant les victimes ou leurs proches. La fatalité, en s'acharnant sur eux, l'atteindra lui aussi directement, adoptant la même forme aveugle et inconcevable que celle qui l'avait meurtri dans sa jeunesse.
Elie Olivier - Le 25 juillet 2022 à 16:32