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Divorce à l'italienne
Vidéo numérique
Marié à Rosalia, le baron sicilien Cefalu tombe amoureux de sa jeune et jolie cousine Angela. Il élabore des plans pour se libérer de sa femme, au moment où réapparaît un peintre, Patane, qui fut autrefois le grand amour de Rosalia. Cefalu favorise leur rapprochement afin de les surprendre en flagrant délit d’adultère...
Un bocal surchauffé
Première incursion dans la comédie du cinéaste Pietro Germi, Divorce à l’italienne est une peinture de mœurs au vitriol dans un pays où la répression sexuelle pèse sur les consciences et les comportements. C’est le sud de l’Italie, la Sicile plus exactement, qui sert de révélateur aux aventures débridées et désordonnées du baron Cefalu et de sa jeune et jolie maîtresse : le quatuor amoureux (au couple adultère viennent s’ajouter la propre femme de Cefalu et son amant) est ici poussé jusque dans ses retranchements les plus absurdes. Germi ne cherche pas à renouveler la comédie, mais triture le genre jusqu’à en faire sourdre une vulgarité assumée, permettant une libération brutale des consciences. C’est en effet parce que le divorce est impossible en Sicile que s’enchaînent les événements tragi-comiques, allant jusqu’au meurtre et à l’impunité des assassins. Sous la forme d’un constat social, Germi s’attache à décortiquer sans état d’âme l’éternel retour des passions contrariées et ne nous laisse aucune illusion. Le film révéla les talents comiques de Mastroianni, eut un immense succès et lança la comédie italienne en Europe, sous une forme amère et grinçante, éloignée de toute forme d’humanisme, rompant avec le néoréalisme. Le cynisme de certaines séquences finit par faire froid dans le dos. Ce qui intéresse Germi, en bon entomologiste, c’est l’étroitesse des passions humaines, la médiocrité des pulsions. La Sicile devient un bocal surchauffé dans lequel s’agitent d’effroyables insectes. Le cinéaste démystifie ainsi des conditions de vie archaïques, et, par une analyse sociale aussi puissante qu'accablante, se fait polémiste.