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Cabane - Prix des Libraires de Nancy Le Point 2024
Livre numérique
Edité par Humensis - 2024
Berkeley, 1973. Département de dynamique des systèmes. Quatre jeunes chercheurs mettent les dernières touches au rapport qui va changer leur vie. Les résultats de l’IBM 360, alias « Gros Bébé », sont sans appel : si la croissance industrielle et démographique ne ralentit pas, le monde tel qu’on le connaît s’effondrera au cours du xxie siècle. Au sein de l’équipe, chacun réagit selon son tempérament ; le couple d’Américains, Mildred et Eugene Dundee, décide de monter sur le ring pour alerter l’opinion ; le Français Paul Quérillot songe à sa carrière et rêve de vivre vite ; et l’énigmatique Johannes Gudsonn, le Norvégien, surdoué des maths ? Gudsonn, on ne sait pas trop. Certains disent qu’il est devenu fou. De la tiède insouciance des seventies à la gueule de bois des années 2020, Cabane est le récit d’une traque, et la satire féroce d’une humanité qui danse au bord de l’abime. Après Sœur (sélection prix Goncourt 2019) et Le Voyant d’étampes (prix de Flore, finaliste Renaudot et sélection Goncourt 2021), Cabane est le troisième roman d’Abel Quentin.
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Cinquante ans de tergiversations
L'auteur réinvente le rapport du Club de Rome, publié en 1972 sous le titre "Les limites à la croissance", met en lumière sa genèse, déchiffre son assise scientifique et romance son devenir en imaginant le parcours de ses quatre auteurs : deux Américains, le couple Dundee, un Français, Paul Quérillot, et un Norvégien, Johannes Gudsonn. Si les deux premiers se muent au fil du temps en scientifiques engagés, ce n'est pas le cas de Quérillot, qui après quelques expériences dans le creuset de la contre-culture californienne, revient au pays et valorise ses compétences en tournant le dos à l'issue la plus probable prédite par le rapport : la plupart des scénarios étudiés par les modèles conduisent à un effondrement (sur une planète aux ressources par définition limitées, la croissance de la consommation et de la population se heurtera forcément, un jour ou l'autre, à un mur, ou plutôt débouchera au bord d'un précipice). Gudsonn, lui, constitue un mystère. Jeune mathématicien prodige au début des années 1970, il disparaît rapidement des radars après la rédaction du rapport, et l'une des trouvailles les plus habiles de Quentin est d'avoir composé un personnage de journaliste dont le projet d'article sur le rapport – lequel fête son cinquantième anniversaire sans une ride – prend rapidement une autre tournure : partir à la recherche de Gudsonn. Une moitié du roman est consacrée à cette enquête à la première personne qui vire à la quête obsessionnelle et désespérée. S'ajoutant au travail de vulgarisation, tout sauf ridicule, une galerie de portraits criants de vérité côtoie des figures historiques elles-mêmes quelquefois hautes en couleur. En résulte un ouvrage qui nous fait voyager dans le temps (des années 1970 à nos jours) et dans l'espace : des États-Unis à la France via la Norvège.
Elie Olivier - Le 15 janvier 2025 à 11:26