0 avis
Daech, le dilemme de la justice
Vidéo numérique
Comment et où juger les milliers de Français, Belges et Tunisiens partis grossir les rangs de l’État islamique ? Christophe Cotteret explore les enjeux de ce dilemme judiciaire inédit.
En mars 2019, l’État islamique perd son dernier bastion à Baghouz, en Syrie. De nombreux étrangers figurent parmi les milliers de combattants arrêtés. Depuis 2011, au moins 5 000 Européens et plus de 3 000 Tunisiens auraient rejoint les foyers djihadistes en Syrie, en Irak et en Libye. Certains y ont perdu la vie, d’autres, parmi les "revenants", ont exporté la violence dans leurs pays d’origine à partir de 2013. Face à la vague d’attentats qui les ensanglante alors, la France et la Tunisie décrètent l’état d’urgence, quand la Belgique adopte des mesures d’exception. Aveux extorqués sous la torture, détentions abusives, perquisitions administratives, assignations à résidence, pressions sur les familles… : avocats et ONG dénoncent les atteintes – graduelles selon les pays – aux droits humains engendrées par l’impératif sécuritaire. Le sort de leurs ressortissants arrêtés dans les zones de conflit pose par ailleurs un épineux problème aux démocraties : en l’absence de preuves suffisantes, comment juger les crimes perpétrés à l’étranger ? Ceux-ci relèvent-ils du terrorisme ou des crimes de guerre ? Comment gérer la détention, puis la libération des rapatriés ? Contrevenant à ses obligations, la France a délégué cette tâche à la justice irakienne, qui prononce pourtant des peines de mort à l’issue de procès expéditifs, selon la rapporteure des Nations unies Agnès Callamard.
Avocats de la terreur
De la France à la Tunisie en passant par la Belgique et le Royaume-Uni, Christophe Cotteret (Inkotanyi – Paul Kagame, la tragédie rwandaise) donne la parole à des avocats, à des magistrats antiterroristes et à des familles de djihadistes qui témoignent des impasses de l’après-Daech. Ils alertent sur le risque d’un déni de justice, rappelant que Guantánamo et les violations du droit international qui y ont été commises au nom de la lutte contre la terreur ont fait le lit du djihadisme sanguinaire contemporain.