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De Nuremberg à Tokyo
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Un total de 828 audiences, 419 témoignages, 4 336 pièces versées au dossier entre les mains de onze juges et vingt-huit accusés : voilà en quelques chiffres les grandes données du procès de Tokyo, qui s'est ouvert en janvier 1946 et a duré deux ans, six mois et 15 jours. Le tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient se voulait comparable à celui mis en place avec Nuremberg : un modèle de justice pour juger les crimes de guerre du Japon. Orchestrée par le général MacArthur, qui supervise l'occupation américaine du pays depuis sa capitulation en août 1945, cette instance est aujourd'hui qualifiée de "mascarade hypocrite".
Le principal obstacle à la réalisation d'une justice impartiale tient surtout à l'absence au prétoire de l'empereur Hirohito. Comment expliquer en effet que sont traduits devant la cour des responsables issus de seize gouvernements, quand celui qui a été le plus haut dignitaire de l'État durant les 14 ans de guerre, n'est pas été appelé à comparaitre, même en tant que témoin ? Pour s'assurer de la docilité du Japon dans une Asie appelée à devenir cruciale, notamment dans la lutte contre le communisme, MacArthur cherche à tout prix à le préserver. La responsabilité impériale est alors minutieusement gommée et les atrocités commises par l'armée japonaise ne tardent pas à prendre le même chemin. Enrichi d'archives d'une grande qualité, le documentaire, qui marie des infographies dynamiques et des dessins réalisés à la manière des estampes, éclaire d'une manière inédite les controverses qui ont émaillé ce grand procès oublié.