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Au printemps des monstres
Livre numérique
Edité par Mialet Barrault Éditeur - 2021
Ce n’est pas de la tarte à résumer, cette histoire. Il faut procéder calmement. C’est une histoire vraie, comme on dit. Un garçon de onze ans est enlevé à Paris un soir du printemps 1964. Luc Taron. (Si vous préférez la découvrir dans le livre, l’histoire, ne lisez pas la suite : stop !) On retrouve son corps le lendemain dans une forêt de banlieue. Il a été assassiné sans raison apparente. Pendant plus d’un mois, un enragé inonde les médias et la police de lettres de revendication démentes, signées « L’Étrangleur » ; il adresse même aux parents de l’enfant, horrifiés, des mots ignobles, diaboliques, cruels. Il est enfin arrêté. C’est un jeune homme banal, un infirmier. Il avoue le meurtre, il est incarcéré et mis à l’écart de la société pour le reste de sa vie. Fin de l’histoire. Mais bien sûr, si c’était aussi simple, je n’aurais pas passé quatre ans à écrire ce gros machin (je ne suis pas fou). Dans cette société naissante qui deviendra la nôtre, tout est trouble, tout est factice. Tout le monde truque, ment, triche. Sauf une femme, un point de lumière. Et ce qu’on savait se confirme : les pervers, les fous, les odieux, les monstres ne sont pas souvent ceux qu’on désigne.
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5 semaines de gloire, 41 ans de réclusion
Après Pauline Dubuisson et Henri Girard, Philippe Jaenada s'intéresse à un autre assassin présumé, Lucien Léger, condamné à la prison à vie, en 1966, pour le meurtre d'un enfant de 11 ans, Luc Taron. En dépit de multiples demandes de révision de son procès, il passera quarante et une années derrière les barreaux. C'est beaucoup trop, selon Jaenada, pour qui Léger n'était coupable que d'avoir inondé les médias, pendant cinq semaines (avant de se faire bêtement confondre), de messages écrits ou téléphoniques, provocateurs mais bien informés, signés "L'Étrangleur" dans lesquels il s'accusait du crime. La "méthode" Jaenada est toujours la même : décortiquer toutes les sources disponibles, y compris les émissions de radio et de télévision, s'imprégner des lieux (jusqu'à passer une nuit à la belle étoile, et à la même époque de l'année, dans la forêt où le corps du petit Luc avait été découvert...) malgré les changements parfois considérables survenus depuis les années 1960, élargir l'enquête à tous les individus, hommes ou femmes, impliqués directement ou non dans l'affaire. À cet égard, par exemple, le CV d'Yves Taron, le père de Luc (pour l'état civil en tout cas) est passé au crible et on ne peut pas dire que le portrait qui en résulte soit particulièrement flatteur. L'expression "au printemps des monstres" est de la plume de Léger (dans une lettre à Yves Taron, justement), poète – médiocre – à ses heures mais alors en pleine gloire médiatique pour de tout autres raisons que littéraires. L'une des seules personnes à échapper à cette catégorie des monstres est Solange, la femme de Lucien, à laquelle Jaenada consacre la dernière partie, noire aussi mais paradoxalement lumineuse, de son livre.
Elie Olivier - Le 06 décembre 2021 à 19:25